Les Cahiers de la Maison de l’Épargne – édition 32
Octobre / Décembre 2024
ÉDITO
INSTABILITÉ POLITIQUE ET ÉPARGNE
Ce n’est un secret pour personne : l’instabilité politique peut entraîner des répercussions significatives sur l’économie d’un pays et par conséquent sur les décisions d’épargne des citoyens. Dans un contexte d’incertitude, les individus peuvent être incités à épargner davantage ; la prudence risque d’être de mise.
Nous l’avons déjà vécu pendant la période Covid où les records d’épargne ont atteint plus du 25% des revenus disponibles. Aujourd’hui, les taux restent encore élevés, à 17,5%. A titre de comparaison, dans d’autres pays européens, on constate 20,4% en Allemagne, 13,1 en Espagne ou 8,9% en Italie.
La crise politique due la recomposition du Parlement et la mise en place d’un nouveau gouvernement, ne rassure pas l’épargnant français. Le débat budgétaire difficile et les menaces latentes de hausse d’impôt ne vont pas aider à rétablir la confiance non plus.
Il est donc crucial pour les épargnants de rester informés. Analyser les tendances économiques et suivre les conseils d’experts peut aider à prendre des décisions éclairées et à sécuriser son avenir financier.
La Maison de l’Epargne, dans son rôle pédagogique, continuera à communiquer de façon gratuite sur les différents produits d’épargne préférés de français, pour que chacun puisse bien s’informer avant de placer ses économies dans le produit de son choix.
Ernesto ORIHUELA
Directeur
AUX LARMES, ÉPARGNANTS
1982 : La crise de la dette des pays en développement
Durant les années 1970, les pays en développement (notamment en Amérique latine, en Afrique et en Asie) ont emprunté massivement auprès de banques internationales pour financer leurs projets de développement, profitant ainsi de taux d’intérêt bas et des recettes d’exportations de matières premières. Mais leur stratégie de croissance est fragile et le financement peu diversifié (près de 60% de leur dette est détenu par des banques américaines). Ainsi, la hausse brutale des taux d’intérêt sur le dollar entre 1979 et 1982 (afin de lutter contre l’inflation aux Etats Unis) et la récession mondiale du début des années 1980 qui fait chuter les recettes liées à l’exportation de matières premières ont rendu le coût de ces dettes insoutenables pour de nombreux pays.
Le 12 août 1982, le Mexique est le premier pays à annoncer qu’il a épuisé ses réserves et qu’il ne peut plus assumer le remboursement des intérêts de sa dette. La majorité des pays d’Amérique Latine et plusieurs pays d’Afrique et d’Asie sont par la suite confronté à cette crise. Face à cette situation, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont mis en place des plans d’ajustement structurels (PAS) ; des réformes économiques drastiques où les pays s’engagent à réduire certaines dépenses publiques, surtout dans le social, et rééchelonnent leurs échéances de remboursement en contractant des prêts plus importants et à plus long terme.
Bien que ces mesures aient permis de stabiliser certaines économies, elles ont également eu des effets négatifs. Les PAS imposés par le FMI ont souvent conduit à des politiques d’austérité, provoquant des récessions prolongées, une augmentation de la pauvreté et des tensions sociales dans plusieurs pays en développement.
Et dans l’actualité, les problèmes sont aussi récurrents
Vladimir Artamonov : Le faux Warren Buffet d’Harvard
Vladimir Artamonov, surnommé le « faux Warren Buffet d’Harvard », a réussi à tromper de nombreux investisseurs en se présentant comme un expert financier de haut niveau. Grâce à son image soigneusement construite, il a attiré des investisseurs crédules tout en utilisant des titres et des références fausses. Il estimait pouvoir deviner à l’avance quelles actions allaient être achetés par l’un des plus grands investisseurs du monde : Warren Buffet. Les rendements promis sont stratosphériques : de 500% à 1000.
Artamonov a utilisé son statut d’ancien élève de Harvard Business School (MBA en 2003) pour s’en prendre à ses anciens camarades de classe et à d’autres. En semblant fiable, il utilisait des stratégies d’investissement qui reposaient sur des manipulations et des informations trompeuses. Le piège s’est refermé sur lui lorsque les investisseurs ont subi des pertes importantes, exposant la supercherie. Une trentaine d’anciens élèves de la HBS ont été escroqués de 2,9 millions de dollars. Sa pyramide de Ponzi a conduit l’une de ses victimes au suicide.
Son histoire rappelle l’importance de la vigilance et de la vérification des informations avant de faire confiance à un expert autoproclamé.
Petites phrases des Grands Penseurs
« Qu’est-ce, en effet, que le capital ? C’est de l’épargne.
Et que représente l’épargne ? Un effort, un sacrifice, une privation. »
La fortune de France, Chap.II,
« La cigale et la fourmi », 1937
Produits d’épargne d’actualité
Les SCPI restent-elles toujours une bonne option pour l’épargnant ?
Ça fait déjà 50 ans que les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) se sont installées dans le paysage financier français pour offrir aux épargnants un investissement dans la pierre avec une gestion clés en main, sous promesse de loyers réguliers et de belles rentabilités. Cette dernière année a été particulièrement difficile, marquée par l’influence de la montée des taux et la crise financière qui secoue l’immobilier résidentiel.
Ainsi, une étude d’une plateforme d’investissement, Louve Invest, en 2023, montre une variation importante dans les prix des parts : 55% des SCPI ont laissé le prix de leurs parts inchangé, 16% l’ont augmenté et 29% l’ont diminué, dont les sociétés historiques avec des capitalisations importantes, ce qui représente pour l’épargnant une baisse de la valeur de son épargne. Les raisons ; des actifs invendables ou dévalués, des taux élevés, une collecte en berne, etc. Cette situation a généré de nombreux épargnants qui veulent en sortir.
Pour motiver/attirer la collecte, des « néo-SCPI » proposent une réduction ou absence de frais d’entrée (la majorité des sociétés facturent entre 8% et 12%). Cependant, si on y regarde de plus près, ces sociétés de gestion non gourmandes à l’entrée se rémunèrent davantage sur d’autres opérations, parfois moins visibles. Il faut alors tenir compte des frais de gestion annuels, qui vont de 16 % et 18 % pour les SCPI sans frais, contre 10 % et 12 % pour celles ayant le modèle avec frais de souscription. Autres facteurs à prendre en compte, les commissions d’acquisition, d’intermédiation, de travaux et même d’arbitrage.
En résumé, le niveau zéro de tarification à l’entrée ne peut pas être le seul facteur pour se décider. Il faut aussi s’informer sur les autres frais existants ou potentiels, l’historique de la société de gestion, la régularité de ses performances, la liquidité des parts et l’évolution de leur prix, sans oublier la stratégie d’investissement.
Coup d’oeil sur les rendements de l’épargne
Rendements des livrets
Livret |
Taux |
Plafond |
Livret A, Livret Bleu | 3% | 22 950€ |
Livret d’Épargne Populaire | 4%* | 10000€ |
Livret Jeune** | 3-4% | 1 600€ |
Plan d’Épargne Logement*** | 2.25% | 61 200€ |
Livret de Développement Durable**** | 3% | 12 000€ |
Compte Épargne Logement***** | 2% | 15 300€ |
* Depuis le 1er Août 2024
*.* (Le taux d’intérêt annuel est librement fixé par les banques. Il ne peut pas être inférieur à 3 %. Les intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu
jusqu’à la veille du 12ème anniversaire.
*.*.* A compter du 1er Janvier 2024.
*.*.*.* Les intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux. Le taux est aligné à celui du livret A.
*.*.*.* * Les intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu, mais sont soumis aux prélèvements sociaux.
Rendements des assurances vie
Performance annuelle
|
Fonds en Euros
|
2020 | 1.30% |
2021 | 1.10% |
2022 | 1.91% |
2023 | 2.60% |
2024 (prévision) | 2.50% |
Rendements des SCPI
(Selon l’ASPIM)
Année |
Taux |
|
2019 | +4.40 | |
2020 | +4.18 | ↓ |
2021 | +4.49 | ↑ |
2022 | +4.53 | ↑ |
2023 | +4.52 |
Performance des valeurs immobilières côtées en bourse
Année |
Paris CAC40 |
2020 | -7.14% |
2021 | +23.97% |
2022 | -5.70%
|
2023
|
+14% |
2024 depuis le 01/01/24 au 26/09 | +0,19% |
Croissance PIB France
Année |
|
2020 | -7.5% |
2021 | +6.4% |
2022 | +2.5% |
2023 | +0.9% |
Prévision 2024 | +1.1%* |
- INSEE
Inflation, variation sur un an (Insee/ Septembre 2024) …………………………………. 1,2%